Patrick O’Reilly est sculpteur. Une fois admise cette évidence, la part d’inventivité créatrice qui est la sienne crée un langage qui s’impose à nous comme celui d’un artiste d’aujourd’hui et d’un homme de son temps. Dans la complexité de l’art vivant, O’Reilly a pris sa place grâce à un métier dont il possède tous les arcanes qu’il exerce avec une autorité qui est celle de sa conviction en une inspiration authentique pour irriguer des voies aux multiples ramifications artistiques.
Dans sa sculpture, l’espace, le temps, la matière et l’esprit ont dicté leur loi à un niveau autre que celui de la forme inanimée. Si la performance de la rue le prédispose au monumental, la coalition entre l’imperium de la matière et l’idée, déclenche celle de la nature et du rêve, du visible et de l’imaginaire pour un flux ininterrompu de sujets issus d’une tradition iconographique dont cet artiste généreux nous a offert depuis une décennie de nombreux exemples.
Sa détermination à résoudre l’affrontement entre la représentation des formes dans l’héritage apollinien, et leurs hypertrophies sous la poussée de forces obscures mystérieuses, en dit long sur les combats tus, sur les interrogations tant formelles que plastiques résolues à partir d’insolites conciliations visuelles à l’unisson de son aspiration créatrice.
Sa dialectique s’est naturellement mise en place, évitant les écueils d’une figuration trop radicale au profit d’une interprétation aux croisements de la raison et du ludique, de l’hybridation homme animal, ou encore de la magie exercée sur son imaginaire par les jouets, comme le démontre sa série de nounours. Sa libre imagination postule une narration enracinée dans ses souvenirs de la bande dessinée mais aussi dans la mémoire collective d’une humanité oscillant entre gravité et humour, violence et amour.
L’immédiateté de la lisibilité de sa sculpture sous-tend la symbolique, autre constante de son travail. Ainsi sa Marionnette renouvelle-t-elle l’art de l’allégorie par la métamorphose d’un divertissement en une tentation existentielle vers l’infini. Les fils manipulés par le marionnettiste sont ceux du sculpteur démiurge, investi de ses dons, tiraillés entre l’ambiguïté poétique et la cohérence plastique d’une œuvre qui tend d’abord à une grande force évocatrice. O’Reilly construit sans négliger sa sensibilité tactile qui l’inclina tout naturellement à un maniérisme, aujourd’hui atténué avec sa série des corbeaux. Prisonnière des mailles d’un réseau métaphorique, la marionnette aspire à la liberté, et lance un défi à l’apesanteur. Tout comme avec le Cheval saisi en plein galop, suspendu dans le vide. Le vide interlocuteur insigne du sculpteur qui ne cesse de dialoguer avec lui, en creusant l’espace comme on entaille la pierre, comme O’Reilly appuyant encore son pouce dans l’argile qui en gardera l’empreinte dans la fonte du bronze.
Cet art souverain de la sculpture, O’Reilly le pratique à partir du double exercice, physique et mental, qui suppose une complémentarité dans laquelle entre une part secrète des grands symboles immémoriaux semés par l’Histoire, la littérature, la mythologie, la religion, portés par chacun de nous.
Lydia Harambourg
Bronze patiné
29 x 14 x 33 cm.
Pièce unique
Bronze patiné et feuille d'argent
23 x 23 x 10 cm.
Edition 1/6
Bronze patiné et feuilles d'or 24K
50 x 59 x 23 cm.
Edition 1/3
Bronza et feuilles d'or 24K
40 x 57 x 23 cm.
Edition 1/3
Bronze
41 x 55 x 12 cm.
Pièce unique
Bronze et feuilles d'or 24K, peinture
22 x 20 x 6 cm.
Edition 1/12