Zhen Gao, né en 1956 à Jinan, Chine.
Qiang Gao, né en 1962 à Jinan, Chine.
Un miroir avant d’être une image.
Les Gao Brothers occupent une place singulière sur la carte de l’art contemporain chinois. Ils sont à la fois critiques et ironiques ; mais aussi, tels des disciples, emprunts d’un sentiment que l’on pourrait qualifier de spirituel. C’est d’ailleurs ainsi –« une paire de disciples dans les marges »-, que le critique chinois Zhu Qi les décrit dans l’essai qu’il leur a consacré.
En 1989, dès leur début public –avec « Inflatable Insatllation », sorte de matrice ou sexe féminin disproportionné-, au moment même ou la plupart des artistes chinois sont tentés par une fusion de la culture traditionnelle et de Dada ou par diverses formes d’activisme radical, ils se singularisent en réalisant une œuvre teintée à la fois d’érotisme et de mysticisme.
Le lien fraternel qui les unit l’un à l’autre, s’étend aussi à celles et ceux avec qui ils collaborent et à celles et ceux à qui ils s’adressent comme en témoigne, par exemple, leur projet-performance « d’accolade universelle » ou « World Hug Day » : journée sans pareil dans l’histoire où tout le monde pourra serrer son prochain dans ses bras ; où « tous les êtres seront comme frères et sœurs, purs et simples ». C’est aussi cela qu’illustre leur logo : deux figures stylisées se prenant dans les bras l’une et l’autre.
Dire qu’ils appartiennent à la première génération d’artistes d’avant-garde chinois de l’ère post-Mao permet aussi de saisir dans quel terreau s’enracinent ce désir et cette aspiration humaniste si profonde.
Le corpus des œuvres ainsi que les différentes activités des Gao Brothers s’étendent aujourd’hui du domaine de la photographie, à celui de l’installation, de la sculpture, de la performance mais aussi à ceux de l’écriture, de l’édition et du commissariat d’exposition.
A la fois enquête sociale, transfiguration poétique et symbolique du réel, la photographie leur sert tantôt à enregistrer des fragments de réalité ou des performances, tantôt à fabriquer de toute pièces des images. Ce médium constitue le lien qui unifie leurs différentes pratiques. Dans cet ensemble ramifié où une activité en prolonge une autre, où une œuvre répond à une autre, où une image peut devenir une sculpture et réciproquement, la figure de Mao occupe une place très particulière. L’une de leurs œuvres les plus célèbres et les plus savoureuses est « Miss Mao » : une série de bustes de différentes tailles et de différentes couleurs aux visages grimaçant où le grand timonier se voit affublé d’une volumineuse paire de seins. Dans la dernière version de « Catching Prostitute » et dans « In the Square », nous avons cette fois-ci affaire à d’inquiétantes figures policières : des clones de Mao au visage impassible emmenant une prostituée en train de se débattre ou bien arrêtant brutalement un manifestant désarmé. Dans « Hot bed », une spectaculaire Miss Mao dorée se retrouve affublée d’un nez de Pinocchio. Ingénue, l’index tendu vers ses lèvres souriantes, elle semble se demander ce qui est en train de lui arriver … Un dragon est tout simplement en train de surgir entre ses jambes écartées. Ce dragon rouge représente aux yeux des artistes l’emblème d’une culture chinoise immémoriale, capable de se dissimuler et de resurgir sans cesse avec puissance.
Toutes ces œuvres en trois dimensions ont pour origine une série d’images numériques, toutes aussi irrévérencieuses, où Mao apparaissait sous les traits d’un poupon dodu souriant niaisement. Stylisation graphique évoquant l’univers de la bande-dessinée ou des mangas, couleurs chatoyantes propres au Political Pop ; les sculptures des Gao Brothers présentent sous des dehors lisses et vernis, une apparence trompeuse. Car en fait, il ne s’agit pas simplement d’une énième relecture post-Pop d’une icône historique devenu tristement célèbre. Selon les Gao Brothers, la figure de Mao est avant tout un symbole de l’infantilisation des chinois et de l’obscurantisme. C’est d’abord un miroir avant d’être une image.
David Rosenberg
Zhen Gao, born in 1956, Jinan, China.
Qiang Gao, born in 1962, Jinan, China.
58 x 60 x 60 cm.
Bronze peint
Edition de 8
58 x 60 x 60 cm.
Painted bronze
Edition of 8
36 x 54 x 34 cm.
Bronze peint
Édition de 8
36 x 54 x 34 cm.
Painted bronze
Édition of 8
115 x 150 cm.
Technique mixte sur papier
Édition 2/10
115 x 150 cm.
Mixed edia on paper
Edition 2/10
210 x 128 x 125 cm.
Résine
Édition de 8
210 x 128 x 125 cm.
Resin
Edition of 8
50 cm.
Résine
Édition de12
50 cm.
Resin
Edition of 12