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Biennale des Antiquaires 2004

2004-09-15 / 2004-09-28
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La collection présentée par la galerie Vallois à la Biennale des Antiquaires 2004 a été créée par Armand-Albert Rateau pour Madame Jeanne Lanvin entre 1920 et 1922.





Jeanne Lanvin, née à Paris en 1867, aînée d’une famille pauvre de 11 enfants, entre en apprentissage en 1880 chez une modiste, et, en quelques années d’économies drastiques, prise de passion pour la création de chapeaux, fonde en 1888 sa propre société : «Melle Jeanne », d’abord rue du Marché Saint-Honoré puis en 1889, rue Boissy d’Anglas.


Jeanne Lanvin se marie une première fois en 1896 avec Emile di Pietro ; ils ont ensemble une fille, née en 1897 : Marguerite Marie Blanche, qui sera la grande passion de la vie de Madame Lanvin.


C’est pour Marguerite que Jeanne Lanvin crée ses premiers vêtements. La petite fille devient en quelques années la coqueluche du quartier des Champs-Elysées, fréquente les petits-fils de Clemenceau et permet à sa mère de lancer ses premières collections de couture, d’abord exclusivement de vêtements pour enfants, puis en 1910/11 les premières collections pour femme de la Maison Lanvin.


Jeanne Lanvin se sépare de son premier mari en 1920/1903 et épouse en secondes noces, en 1907, Xavier Mélet, vice-consul de France à Manchester depuis 1902.





Durant cette première partie de sa vie, Jeanne Lanvin vit tout d’abord au-dessus de ses ateliers, puis à partir de 1905, dans un immeuble acheté dans le quartier des Invalides, et enfin, en 1917 dans le très chic 16ème arrondissement (Avenue Bugeaud).


Elle achète successivement différentes maisons de campagne au Vésinet, où se retrouvent durant les week-ends les parents de Jeanne Lanvin, ses frères et sœurs ; atmosphère familiale autour de la petite Marguerite.


Le mariage de Marguerite en 1917 met fin à ce duo de femmes dans lequel les deux maris de Jeanne Lanvin n’ont tenu que peu de place.


Marguerite s’installe dans le même quartier que sa mère avec son époux mais cette solution ne les satisfait pleinement ni l’une ni l’autre. Une décision très importante est alors prise par Jeanne Lanvin : elle achète en 1920 un terrain au 16 rue Barbet de Jouy sur lequel elle a pour projet de faire construire deux hôtels particuliers : l’un pour elle, l’autre pour le jeune couple.


Jeanne Lanvin, pour ses précédentes habitations n’avait pas fait de choix de décoration particulier ; elle fait cette fois appel à l’architecte Bouwens pour mener à terme son projet. Celui-ci avait auparavant travaillé pour les Blumenthal dont la décoration intérieure avait été réalisée par Armand-Albert Rateau.


Ce décorateur, né en 1882, passionné d’histoire antique, fasciné par Pompéi, est appelé pour créer l’univers dans lequel Jeanne Lanvin évoluera jusqu’à la fin de ses jours. Les travaux sont entamés en 1920 et l’installation définitive s’effectue en 1922.


L’intégralité de la maison, considérée comme l’œuvre majeure de ce créateur, a été créée par Armand-Albert Rateau, du sol au plafond, de la salle à manger et du salon à la chambre, au boudoir en passant par la salle de bain ; pas un élément ne lui échappe (boiseries, meubles, tissus…).


La carte blanche laissée au décorateur par la couturière est totale. Il créée somptueusement en peuplant ses meubles d’oiseaux, de cygnes et de marguerites.


En 1921, durant l’installation de la rue Barbet de Jouy, une nouvelle idée germe : Jeanne Lanvin décide Armand-Albert Rateau à faire connaître plus largement sa création : ils ouvrent ensemble « Lanvin Décoration » à côté de la maison de couture.


Outre la décoration de l’appartement de la rue Barbet de Jouy, Rateau crée également le décor des magasins « Lanvin Sport » et « Lanvin Homme ».


Ils participent ensemble avec succès au Salon des Arts Décoratifs de 1925 : Rateau meuble le Pavillon de L’Elégance où sont présentés les grands couturiers.


Jeanne Lanvin ouvre son carnet d’adresse au décorateur ; elle sert probablement d’intermédiaire à Rateau auprès de la Duchesse d’Albe, chantier que Rateau exécute en 1921 à Madrid.


La société « Lanvin Décoration » est engagée pour réaliser la décoration du Théâtre Daunou.


Un dernier projet réunit le décorateur et la couturière : en 1921/22, ils installent la résidence de campagne de Jeanne Lanvin au Vésinet.


Les années s’écoulent pour Jeanne Lanvin, lui amenant de grands succès dans son métier :


la Légion d’Honneur en 1926 et une renommée internationale pour sa maison de couture.


Jeanne Lanvin meurt en 1948.


A la mort de sa fille Marguerite, une partie de la collection extraordinaire de Jeanne Lanvin créée pour le 16 rue Barbet de Jouy est donnée au Musée des Arts Décoratifs où le boudoir, la chambre et la salle de bains ont été recréés.


Le complément des meubles de la collection, étant resté depuis lors dans la famille, sera présenté par la Galerie Vallois à l’occasion de la 22ème Biennale des Antiquaires dont un certain nombre de pièces extraordinaires, en bronze ou en chêne sculpté, jamais montrées depuis leur création en 1920/22.