A-Sun WU et Paloma Chang partagent bien plus qu’un même pays de naissance – Taïwan – et un même pays d’adoption – la France. Ils sont animés par une identique recherche des principes régissant l’univers. Ces deux artistes aux univers apparemment différents se nourrissent d’une sensibilité identique et si l’association de leurs œuvres fonctionne si bien tout en étant à l’opposé stylistiquement parlant, c’est parce qu’elle parlent un langage commun, dialoguent entre elles.
A l’art brut d’A-Sun Wu répond la délicatesse des céramiques peintes de Paloma Chang.
Aux tons ocres, terreux des sculptures du premier répondent les bleus délicats de l’autre.
Comment ne pas penser dès lors au Yin et au Yang de la philosophie chinoise qui se fondent sur le principe de la complémentarité universelle et selon lequel le principe masculin complète le principe féminin, la terre complète le ciel, la douceur complète la violence ?
Chacun des deux porte en lui le germe de l’autre.
A-Sun Wu est né en 1942 à Taïwan.
Il vit et travaille entre Paris et Taipei.
Depuis les années 1970 A-Sun Wu récupère, assemble, travaille des objets abandonnés, des morceaux de bois, de fer, des crânes d’animaux…
Sous sa main, ces matériaux se muent en êtres hybrides, mi-hommes mi-bêtes, semblant surgir de temps immémoriaux où la relation de l’humain à la nature avait encore une part de sacré. Ses figures évoquent des chamanes de peuplades primitives, chargés de pouvoirs occultes.
C’est sans doute cette relation au spirituel qui donne aux œuvres d’A-Sun Wu leur force et leur mystère.
Dans celles-ci s’unissent également les cultures des nombreux peuples à la rencontre desquels cet infatigable voyageur va depuis de nombreuses années, des déserts du Sahara aux villages corses en passant par la Papouasie.
Paloma Chang est née à Taïwan.
Elle vit et travaille à Paris.
De ses nombreux voyages en Papouasie - Nouvelle Guinée, dans les îles du Pacifique Sud ou auprès de tribus d'Afrique, Paloma Chang a ramené une approche très personnelle, intime de la nature. Elle ne cherche pas à en retranscrire l’exacte représentation mais sa quintessence et, à travers celle-ci, une certaine perception du divin. « La nature est une création de Dieu. Si l’on connaît l’essence de la nature, on connaît indirectement Dieu. »
Dans ses céramiques – comme dans ses huiles sur toile – le trait est fin, presque évanescent, donnant à ses œuvres un caractère précieux, délicat que vient accentuer l’opposition du blanc pur et du bleu.
Le blanc n’est pas dans les céramiques de Paloma Chang juste un fond neutre sur lequel viendraient se poser les figures dessinées. Il est une composante à part entière de la composition et c’est dans ce dialogue avec le bleu que l’œuvre prend son sens.