Né en 1966 à Ouidah, Julien Vignikin est envoyé en France par ses parents alors qu’il n’a que dix ans afin d’y bénéficier d’une éducation plus aboutie que celle à laquelle il n’aurait eu accès en restant au Bénin. Mais l’enfant devenu jeune homme préfère les arts aux études de médecine que ses parents auraient souhaité le voir poursuivre, J’avais trop de choses à dire explique t’il. Et ce sont en effet de nombreuses questions auxquelles l’artiste cherche une réponse au travers de son travail plastique, que ce soit la question de l’inégalité de l’accès à la nourriture (qu’il aborda notamment avec son installation Dîner de Fantômes exposé à la Fondation Dapper en 2015) ou celles de la surconsommation, de la migration des populations, de la destinée des êtres…
Si il s’est initialement formé à la peinture, rapidement sa conscience artistique l’a amené à explorer d’autres médiums, de la sculpture aux installations. Le prix des toiles étant trop élevé lorsqu’il commença sa carrière, il utilisa alors des matériaux de récupération (palettes de bois, clous…) qui le menèrent à explorer d’autres champs et autant de possibilités.
Si il continue aujourd’hui à arpenter les brocantes et autres lieux où il trouve des objets ou matériaux délaissés, c’est parce que ces derniers le poussent encore plus loin dans ses questionnements et dans le renouvellement perpétuel de son expression artistique.
Depuis plusieurs années Julien Vignikin revisite le masque africain en utilisant des douves de tonneaux récupérées auprès de domaines vinicoles de Bourgogne, région où il est installé depuis une dizaine d’années. Le masque est chez lui épuré jusqu’à ne se résumer qu’à ses formes primaires. Les contours d’un visage, l’esquisse d’orbite oculaires suffisent à évoquer – nous pourrions dire invoquer – l’Afrique et sa terre natale, le Bénin.
A travers eux Julien Vignikin inscrit son œuvre dans sa double identité, l’art occidental et l’héritage du Bénin.