1977
Stéphane Pencréac’h a 7 ans. Sa famille quitte Sète pour une destination lointaine : la Côte d’Ivoire, plus précisément la ville de Danané, dans la région des Dix-huit Montagnes, à 20 kilomètres de la frontière avec le Liberia. C’est alors une ville de 20 000 habitants entourée par la brousse. Les parents de Stéphane y ont des amis qui s’y sont installés quelques années plus tôt. Nombreux sont alors les Français à quitter la France de Giscard d’Estaing pour tenter la grande aventure africaine.
Les trois années qu’il passera là-bas marqueront profondément Stéphane Pencréac’h. Les paysages, la confrontation avec une autre culture, d’autres langues le plongent dans une vie déconnectée de tous les repères qu’il s’était jusqu’alors forgés. Une autre perception du monde s’ouvre à lui, marquante, décisive, qu’il transmettra dans ses œuvres.
2015
A l’invitation de l’artiste béninois Dominique Zinkpé qui dirige le Centre à Cotonou, Stéphane Pencréac’h y séjourne près de deux mois fin 2015 dans le cadre d’une résidence d’artiste. C’est la première fois depuis son retour de Côte d’Ivoire en 1980 qu’il retourne en Afrique. Au delà de l’expérience artistique née de cette résidence et de son aboutissement par une exposition au Centre des œuvres alors produites, suivie d’une seconde quelques mois plus tard à la Galerie Vallois, c’est également une expérience plus personnelle, plus intime : celle où, au contact de paysages, de parfums, d’échanges avec les habitants, les souvenirs se raniment. Cette enfance africaine, dans une tranche d’âge particulièrement importante dans la construction psychologique et sociale des enfants, resurgit alors dans toute sa vitalité.
C’est au Bénin que Stéphane Pencréac’h prend concrètement conscience du rôle crucial, déterminant au sens propre du terme que ces trois années passées à Danané ont eu sur son devenir et sur sa vocation d’artiste. Ne dit-il pas en évoquant ce séjour en terre africaine : « c’est sans doute ce qui a fait de moi un artiste » ? Dès lors il mûrit le projet de consacrer une exposition à ce rapport particulier qu’il a avec le continent africain, comme un hommage rendu par le petit garçon qu’il fut à cette terre où il vécut. Car si les références à cette enfance sont fréquentes dans son œuvre il ne lui a jamais encore consacré une exposition.
2019
Quatre ans après cette résidence à Cotonou ce sera chose faite avec Danané 1977. Pour cette exposition que la Galerie Vallois lui consacrera du 4 au 30 avril 2019 Stéphane Pencréac’h réunira dessins, tableaux, sculptures mais aussi céramiques (les premières qu’il réalise) et photographies. Comme une cartographie de l’intime mettant en lumière l’imprégnation de l’Afrique dans sa création, l’artiste y invoquera et y évoquera le souvenir de ces années où l’enfant qu’il était fut confronté « à la beauté brute, la violence, la vie, et à ce (qu’il) considère aujourd’hui encore comme l’origine incontestable de tout. »
Danané 1977 est le prolongement naturel de la démarche entreprise par Stéphane Pencréac’h depuis plusieurs années par laquelle il réinvestit la peinture d’Histoire en traitant les événements contemporains comme ce fut le cas en 2015 avec son exposition Œuvres Monumentales à l’Institut du Monde Arabe qui traitait des révolutions au Moyen Orient et des attentats à Paris ou, plus récemment, l’histoire religieuse et sa symbolique avec son exposition Via Crucis à Colmar.