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Kossi Aguessy "Regnum - Tabula I"

2016-04-07 / 2016-04-30
expos

 Il y a dans l’art de Kossi Aguessy l’expression d’une résistance, la proclamation d’une indignation. En explorant les problématiques perpétuelles de l’humanité que sont l’idée de race, de religion, de géopolitique et, plus actuelle que jamais, du terrorisme, il en expose  l’infamie, le non-sens, la dérision. 

 

Aux Dieux ancestraux il oppose sa propre cosmogonie, des idoles contemporaines, incarnations de la terre (Idoll I) et du soleil (Idoll II). Par cet acte il libère l’Homme de ses religions anciennes, dont aucune ne saurait prétendre être réellement innocente  ni être à la hauteur du mystère de l’existence, et il lui offre à la place des divinités vierges de tout passé et de tout crime. 

 

Il trace sur de grandes toiles la cartographie du monde tel qu’il le perçoit. Paris, Moscou, Londres, New York, Pékin… Les grandes cités humaines se devinent dans ces tracés organiques, tel un négatif de nos sociétés et de nos espaces. Les frontières s’estompent, se dissolvent et il ne demeure de ces villes que l’empreinte ressentie.

 

Enfin, il donne corps aux sacrifiés, comme un soufflet à la face des extrémistes et de ceux qui dans l’ombre les financent. Leila Alaoui, décédée le 18 janvier 2016 de ses blessures subies dans les attentats de Ouagadougou trois jours plus tôt, nous apparaît dans toute sa force vitale, transfigurée dans un bloc de frêne. Immortelle.  

 

De toutes ces problématiques qui composent l’œuvre de Kossi Aguessy celle de l’idée de race est sans doute la plus présente. Non pas parce qu’il est né fils de la terre d’Afrique, mais parce que de toutes les injustices celles nées de la couleur de peau sont les plus absurdes et par conséquent les moins pardonnables.  

 

 

 

 

 

 

« Nous frapperons l'air neuf de nos têtes cuirassées

Nous frapperons le soleil de nos paumes grandes ouvertes

Nous frapperons le sol du pied nu de nos voix. » écrivait Aimé Césaire au début de son poème « Perdition » 

 

Par son art, Kossi Aguessy frappe nos consciences. 

 

En guise de cuirasse il arbore sur le haut de son crâne le tatouage d’un primate couronné, réponse graphique à ceux qui traitent l’autre de singe ou de guenon. 

 

« Singe peut-être, mais singe-Roi!» leur réplique par cet acte l’artiste, lui même descendant de l’une des familles royales du Dahomey.   

 

En l’inscrivant au sens propre dans sa chair, c’est à l’avènement du regnum de cet alter-égo d’encre que Kossi Aguessy nous invite.