Ruytchi SOUZOUKI , ce parisien de Montparnasse introduit L'ECOLE JAPONAISE MODERNE dans une nouvelle direction de l'Art, celle du COLLAGE et du PHOTOMONTAGE. Certes, à en juger d'après les collections existantes, ses premiers collages ne semblent pas être antérieurs aux années 1930. Il intervient aux premiers frémissements du collage et du photomontage qui commencent à interpeler notre regard et notre conscience. Bien évidemment l'histoire du collage est très ancienne. Très proche de notre époque DUFRESNY à la cour du roi Soleil, à Versailles crée des documents constitués de différentes gravures. SOUZOUKI s’inscrit dans une tradition qui connaît une rupture radicale avec le DADAÏSME, un jaillissement et un bouleversement des bases mêmes de l’Art et de la Création. En 1912 Juan GRIS donne à voir "Le Lavabo" (bouts de miroirs collés), dans la même période PICASSO expose "Nature morte à la chaise cannée", "Violon et feuille de musique" (papiers collés sur carton), "Verre et bouteille de Suze" (papier collé, gouache et fusain)... en 1928 le grand collage du Minotaure... en 1938 un autre collage de grande taille "Les Femmes à leur toilette". SOUZOUKI est là, à Paris, à un moment décisif de l'histoire de l'Art moderne avec des courants comme le DADAÏSME, le CUBISME, le FUTURISME, le CUBO-FUTURISME, le SURREALISME qui traversent toutes les frontières : l'Espagne, l'Italie, la Russie, l'Allemagne, la Hongrie, la France, les Etats-Unis... Avec des artistes comme RODTCHENKO qui pour l'illustration de "Pro Eto" de MAÏAKOVSKY réalise 30 photomontages. Ou comme Lajos KASSAK l'éditeur de la revue "Ma" qui expose ses collages en Autriche à Vienne. Par ses œuvres SOUZOUKI rejoint des artistes comme John HEARTFIELD, Kurt SCHWITTERS, Max ERNST, Juan GRIS, Hanna HÖCH, Raoul HAUSMANN, Lazar LISSITZKY, Sandor BORTNYIK, Georges HUGNET, Raoul MICHAU, Robert MOTHERWELL, Enrico BAJ, Robert RAUSCHENBERG, Jasper JOHNS, Jiri KOLAR, Claude PELIEU, Daniel SPOERRI... Quand SOUZOUKI, très tôt dans sa carrière, s’approprie un fragment de journal, une publicité ou une carte postale ou une photographie, il devient malgré lui l’inventeur d’une catégorie de READY MADE. Lorsqu’il modifie une publicité ou des éléments comme un personnage qu’il extrait d’un livre, d’une revue ou d’un journal, qu’il découpe et y ajoute des « messages personnels » il inaugure une démarche qui est celle du DETOURNEMENT dont la formalisation est effective sous la plume de Guy Ernest DEBORD et Gil J. WOLMAN dans « Mode d’emploi du détournement » paru dans LES LEVRES NUES (N°8, mai 1956). Reconnu par certains grands peintres japonais peu connus en France, comme Shikanosuke OKA (1) et Shizuka MURAYAMA (1) qui vivent à son époque on ne peut s’empêcher de penser à la curieuse destinée d’un artiste incontournable et d’une œuvre aussi importante qui reste oubliée, occultée ou ignorée pendant de nombreuses années. La redécouverte de l’artiste se précise avec la sortie toute récente d’un livre important de 224 pages consacré à la première période des dessins de SOUZOUKI, son titre « SOUZOUKI », son auteur : Dimitri SALMON, l’éditeur : Les Editions de l’usine. Henri ENU, spécialiste de l'oeuvre de Souzouki Paris, le 18 février 2015