L'âge de Fer Je n'ai pas envie de raconter d'histoires. Je préfère écouter. Ecouter les formes, les couleurs, les matières, et surtout le reflet des rouilles et leurs histoires. Ferrailles. Leur temps avait déjà passé avant que je n’arrive. Elles me précèdent. Elles ont résisté aux poids, à la graisse, aux boues et aux mauvaises manœuvres. Elles pèsent un poids considérable. Elles parlent. Elles ont des noms. Elles racontent. « Walker, Rees, Kimball, Simplex, L82, Pittsburg, Patented in US, Lift, Chicago, Cap 4 tons, British Made, Lake & Elliot, All Foreign countries, DUFF, Type 6, MFG Co., Toronto, Juin 1919, M1/2, Ashland, BALL BEARING… » Si ce n’est pas de la poésie, je suis ailleurs, je suis parti. Il faut les toucher comme je les ai caressées, avec mes doigts, avec mes pinceaux. Elles ne sont ni chaudes, ni froides. Ma paume épouse la forme de leur corps, leur volume, leur densité. Mon pinceau en dessine le contour. Et la ligne dissout la matière. L’efface. Elles bougent encore, elles crient, elles ont une voix stridente et grave à la fois. En état de marche. Quelle joie ! Sacrées Ferrailles ! Yujiro Otsuki